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16/12/2008

Le droit de mourir

arlequin11.JPGJe viens de terminer le dernier bouquin de Guy Bedos : "Le jour et l'heure".
Petit roman au ton plaisant et léger pour traiter d'un sujet plutôt à la mode en ce moment et que j'ai envie d'interpréter ainsi:
alors que, dans les pays occidentaux au moins, les progrès de la médecine repoussent sans cesse les limites de la vie, sommes-nous prêts à accepter de vieillir en assistant au spectacle de notre propre dépérissement ?
Le bon Dr Léonetti, chargé d'évaluer une loi dont il était lui-même l'auteur (paradoxe sarkozien du juge et partie!), l'a bien dit : ma loi est excellente, poursuivons!
Guy Bedos s'inscrit en faux contre cette hypocrisie. Pour lui, chacun reste libre de partir dans les meilleures conditions possibles lorsqu'il estime ne plus être en capacité de mener une vie en accord avec ses attentes.
Et même si notre célèbre humoriste s'emploie plutôt à nous (se) persuader de l'amour indéfectible de ses enfants et de ses succès féminins (ah la "pompeuse funèbre"), il pose quand même la question de savoir où trouver la bonne "filière", au bon moment, pour partir en douceur. Lui, l'a trouvée!
Juste quelques réflexions sur un sujet grave insuffisamment traité dans le bouquin de G. Bedos:
Notre société cultive l'individualisme, il serait donc logique qu'elle accorde à chacun le droit de vie et de mort sur lui-même et qu'elle l'accompagne pour qu'il puisse, comme on dit, "mourir dans la dignité".
De plus, dans ce monde d'apparences et d'image, la dégradation physique voire mentale est-elle encore supportable ?
Enfin dans cette société libérale qu'on appelle de nos voeux, chacun n'est-il pas libre de ses choix ?
Tout cela paraît évident et je souscris à cette idée de mourir avant d'être un légume qui embête tout le monde et qui coûte plein de sous à la Sécu!!!

Pourtant, la légalisation de l'euthanasie active comporte bien des risques.
Banaliser la mort n'entraîne-t-il pas une dévalorisation de la vie ? Faciliter le décès volontaire ne revient-il pas à tout miser sur la performance et la réussite? L'homme ne vaudrait qu'en tant qu'être productif qu'il faut éliminer lorsqu'il ne peut plus assumer ce rôle !!!
Alors quid des handicapés, des malades, des vieillards ??? Et je ne parle pas des marginaux, des délinquants, des SDF et même des chômeurs, et pourquoi pas des pauvres !!!
Ainsi l'on pourrait entendre ce type de réflexion: "Regarde ce pauvre type, comment peut-il accepter de vivre ainsi, qu'est-ce-qu'il attend pour disparaître ?"

Au fond, Guy Bedos a raison, seul l'amour rend supportable l'attente de la mort.


Pour autant, notre législation est frileuse et obsolète...

à vous...

Commentaires

Ainsi l'on pourrait entendre ce type de réflexion: "Regarde ce pauvre type, comment peut-il accepter de vivre ainsi, qu'est-ce-qu'il attend pour disparaître ?"

Sincèrement Arlequin, c'est le genre de réflexion que l'on entend un peu tous les jours non? Les gens ne se cachent même plus pour le penser alors crois-tu que cela pourrait être pire sous pretexte d'une législation?
Bien sur une législation sans abus, ça n'existe pas, et il y en a tant de part ce monde qu'une de plus ne serait peut-être pas souhaitable mais après tout, nous avons bien le droit de donner la vie dans les meilleures conditions possibles alors, pourquoi n'aurait-on pas le droit du retrait de la vie dans les meilleures conditions possibles?
Et là, une nuée de catholiques pratiquants vont me tomber dessus, je le sens :)
Tendres bisous Arlequin

Écrit par : Pascale B. | 19/12/2008

>> quelle surprise - heureuse - de te lire Pascale.
C'est vrai que notre société est de + en + dure avec les faibles et ces accès de pudibonderie qu'elle manifeste de temps en temps sous la poussée des réacs qui restent quand même aux manettes, n'en sont qu'un épiphénomène.
Le respect de la vie ??? tout à fait d'accord, mais de quelles vies ?
Les plus acharnés pour s'offusquer des dérives possibles d'une loi sur l'euthanasie ne sont pas trop gênés par ces millions d' enfants qui meurent de faim alors que l'Occident s'en bat l'oeil... du moment qu'on ne menace pas les profits des multinationales!!!
merci de ta visite, Pascale.
à+

Écrit par : arlequin | 19/12/2008

La personne concernée doit avoir la parole tant que c’est possible, Cela parait évident, mais trop souvent les choses se disent et se décident sans elle pour lui épargner une vérité qu’elle connaît déjà. Il y a fréquemment beaucoup de non dit dans cette situation Le « consentement éclairé » est souvent apaisant, il faut pour cela beaucoup d’écoute et de dialogue de l’entourage et des soignants
Une bonne gestion de la souffrance est primordiale et ce n’est pas toujours le cas. Aujourd’hui on peut soulager sans nuire à la lucidité de la personne : cela dépend bien sûr d’un traitement bien adapté mais aussi du mode de diffusion du produit. Il arrive que des demandes d’euthanasie disparaissent lorsque la souffrance est vraiment gérée
Personnellement je ne suis pas favorable à l’euthanasie mais j’affirme que toute décision de respect de la vie doit être « accompagnée » et ce n’est pas un vain mot. TOUTE personne en fin de vie doit avoir droit à cet accompagnement, cela ne doit pas être réservé à quelques patients privilégiés. Les lits de soins palliatifs sont trop peu nombreux et pourtant lorsque les soins curatifs sont inutiles les soins de confort doivent prendre le relais; ce n’est pas un luxe mais une nécessité, tant pour le malade que pour ses proches.
Ce ne sont que des mots ,seuls ceux qui vivent ces instants possèdent la vérité. Les certitudes n’existent pas. Le questionnement et la remise en cause peuvent aider le quotidien s’ils sont effectués avec humilité.

Écrit par : Jeanne | 08/01/2009

Merci, Jeanne pour ces justes remarques.
à quand tu veux.

Écrit par : arlequin | 08/01/2009

Les commentaires sont fermés.