06/09/2010
Pour soigner son ego!
Voici venu le temps où les technocrates, bourgeois ou intellos (ou les deux) se sont ligués pour nous persuader que nous sommes ringuards ou irresponsables et que la réforme des retraites DOIT impérativement se faire dans le sens de retarder le moment où les salariés peuvent enfin choisir leurs activités selon leurs goûts.
On connaît maintenant les arguments:
- pseudo-scientifiques : c'est l'évolution démographique !
- démagogiques : c'est pour sauver le système !
- populistes : la responsabilité vis à vis de nos enfants !
Tout cela a l'air de sonner juste et peut même être convaincant - cf la CFDT qui, aiguillonnée par la CGT, n'ose pas dire qu'elle se contenterait bien de quelques aménagements...
Alors pourquoi restons-nous aussi intransigeants ???
- D'abord parce que les progrès de l'hygiène, de la médecine et des conditions générales de vie qui ont permis de repousser l'âge de la mort ne doivent pas se payer par un recul correspondant dans le domaine des avantages sociaux. Sinon, la notion même de progrès est une imposture.
- Ensuite, les salariés ne sont absolument pas égaux devant les conditions d'exercice de leur travail et devant les chances de survie qui en découlent lorsqu'ils cessent de l'exercer.
Cette réforme pénalise lourdement les femmes, les chômeurs, les précaires, les ouvriers ayant exercé des travaux pénibles.
- Pour la moitié d'entre eux, les salariés ne sont plus en activité quand sonne la retraite.
En repousser l'âge de départ correspond à plomber un peu plus l'assurance chômage sinon à alourdir les charges de la Sécu et à encourager ainsi les assurances privées.
- Travailler plus longtemps se justifierait si les conditions de travail s'étaient améliorées. Or jamais le travail n'a été aussi stressant et fatigant pour l'organisme. Jamais la compétition entre les employés eux-mêmes n'a été aussi rude et le contrôle aussi tatillon! De plus, compte tenu des études et du taux de chômage des jeunes, une vie professionnelle doit s'accomplir entre 30 et 50 ans. Avant, on manque d'expérience, après, on n'est plus rentable!
- Enfin, qu'on ne nous dise pas que la France vit au dessus de ses moyens, que tous nos voisins "l'ont fait" et que la mondialisation nous oblige à des "adaptations" !
Du fric, il y en a en France, si l'on se préoccupe un peu de mieux répartir les richesses.
Ce gouvernement fait précisément l'inverse.
Je le redis ici, une réforme des retraites ne sera crédible que lorsqu'on s'attaquera à trois chantiers majeurs:
- la recherche d'une plus grande égalité entre les citoyens.
- la possibilité de trouver à tous les âges de la vie, jeunes, adultes et vieux, une place sociale correspondant à ses capacités et à ses aptitudes physiques ou mentales.
- la mise en place de conditions de travail respectueuses de l'homme, de ses rythmes et de ses besoins de réalisation personnelle et de reconnaissance sociale.
Cette réforme des retraites voulue par ce président pour soigner son ego, c'est-à-dire "réussir là où tous avaient échoué" est particulièrement inepte et injuste.
L'âge de départ n'est qu'un symbole, un symptôme révélateur d'une politique à courte vue qui ne sait que punir les pauvres.
19:28 Publié dans Eclats de voix | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : retraite, sarkozysme
Commentaires
Bonjour,
Très bon article ! Je suis tout à fait d'accord !
Je pense que cela sera toujours pareil taper sur le dos des plus pauvres et de la classe moyenne !
A bientôt
Écrit par : Obstinee | 07/09/2010
Merci pour ton com, Obstinée,
Ce capitalisme mondialisé qui impose sa loi partout ne supporte pas les avantages "acquis" de haute lutte par des salariés organisés qui ont su, en leur temps, faire plier les exploiteurs.
La lutte circonscrite aux frontières des Etats était déjà bien difficile à mener. Aujourd'hui, la globalisation du capital (énormément), du commerce (beaucoup), et des hommes (très peu) entraîne une concurrence généralisée entre les pauvres de la planète... les miséreux qu'on exploite honteusement dans le tiers-monde, et les travailleurs des pays dits "riches" qu'on s'emploie à appauvrir progressivement!
Que faire contre cette internationale de l'industrie de la finance qui lamine peu à peu les masses ???
On comprend ainsi que nos gouvernants affirment, péremptoires, que nos gentils défilés n'y changeront rien.
Seule la violence leur fait peur... comme elle fait peur à tout le monde... c'est pourquoi c'est l'arme ultime des désespérés.
Et nous n'en sommes pas encore tout à fait là!!
Pour l'instant!
à+ chère amie.
Écrit par : arlequin | 07/09/2010
Quel plaisir exhortant que d'avoir lu cet article.
En plus, c'est excellement écrit.
Bravo et grosses bises à toi, papa.
Écrit par : Olive | 23/09/2010
...et quelle heureuse surprise de te lire Olive!
Merci, c'est quand tu veux!
Écrit par : arlequin | 24/09/2010
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