22/11/2010
"Ivresses d'enfer" (suite)
Après un débat fécond avec le réalisateur d" Ivresses d'enfer" et en compagnie d'une représentante de la Maison Départementale des adolescents, après avoir lu attentivement les coms que vous m'avez laissés, j'en ressors avec toujours plus d'interrogations:
- Si l'alcoolisation représente une condition nécessaire pour faire la fête, que signifie ce besoin d’évasion à tout prix ? La société occidentale contemporaine est-elle si déprimante ? La vie ordinaire est-elle si détestable qu’elle doive être scandée par des moments « forts » où l’on se met en danger ?
- L’alcoolisation est-elle, pour un jeune, un moyen efficace pour marquer son indépendance et affirmer sa différence ? Est-elle une pratique réellement transgressive ? Est-elle acceptable pour les adultes seulement dans la mesure où ses conséquences (coma, délinquance, accidents, viols… ) ne sont pas trop visibles?
- Est-il possible, pour les parents, de tenir ce juste milieu entre dramatisation et banalisation et de rester, quoiqu'il arrive, disponible pour un accompagnement attentif et bienveillant ?
- L'alcoolisation excessive des jeunes ados n'est-il pas, au fond, le produit de cette individualisation effrénée qui touche les enfants comme les adultes et qui, sous prétexte de liberté de l'individu responsable, laisse le jeune sans cadre ni repère ?
- A contrario - mais ce n'est qu'une contradiction apparente - la pression scolaire mise sur les jeunes des classes moyennes et moyennes-supérieures les laissent souvent abrutis et désabusés lorsqu'ils ne voient plus le sens de leurs efforts ???
Enfin, si l'on considère les fêtes comme les meilleurs moments de la vie, c'est-à-dire ceux où l'on se retrouve entre pairs pour oublier les contraintes et les soucis du quotidien, l'usage nécessaire et légitime d'une substance neurotoxique amène à penser que les relations ordinaires entre ces jeunes sont superficielles et vides de sens, donc fort insatisfaisantes.
NON?
09:55 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Une question: outre la part de responsabilité des parents, que fait l'état pour lutter contre ce phénomène (pas nouveau, il faut se l'avouer) ?
Nos politiques ne ferment ils pas les yeux sur les liens entre les grands producteurs de boissons alcoolisées et les responsables de groupement d'étudiants et autres groupes de jeunes regroupés en association ?
Cela me rappelle mon grand-père et même mon père, mineurs de fond à qui le patronat fournissait une topette d'eau de vie de seigle à chaque descente au fond. Cela les rendait plus "souples" et plus dociles ...
La fait d'anesthésier une partie de la jeunesse est peut-être un bon moyen de lui éviter de rester digne et fière pour péter la g....... aux pourri(e)s qui "dirigent" notre état de m.... ?!...
Bon, faut que j'arrête, sinon vais boire par désespoir !...lol
Écrit par : Claude | 22/11/2010
Que de questions ... auxquelles il est difficile de répondre ...
L'alcool en vente libre, l'herbe et autres drogues à portée de main : que de difficultés pour les parents ! Alors oui, d'accord avec Claude : que font nos gouvernements successifs ?
Écrit par : Cécile | 23/11/2010
>> à ta "santé", Claude, et à la tienne, Cécile!
Un exemple pour répondre à votre question. La loi Bachelot malgré les déclarations d'intention tonitruantes (comme d'habitude) s'est bien gardée de faire de la peine aux alcooliers en interdisant par exemple la publicité pour l'alcool sur Internet.
Plus faux-cul tu meurs!
On a dit aussi que les gouvernements se sont bien accomodés du développement des drogues dans les cités...
pendant qu'ils font leurs petits trafics, tous ces jeunes désoeuvrés, ils ne contestent pas l'ordre établi!
Même logique pour l'alcool.
Les mitraillages de Marseille il y a deux jours en sont une preuve de plus! Alors les coups de bec d'Hortefeux, ça me fait rire grave!!!
à plus et merci à vous deux.
Écrit par : arlequin | 23/11/2010
..... je rêve!!! Un individu qui pose des questions!!!! Des questions qui apparaissent pertinentes. Je ne suis donc pas encore totalement en Absurdistan?....
Une suggestion: une grande difficulté à se projeter dans l'avenir, des perspectives peu reluisantes, ça donne envie picoler, non?
Écrit par : Barbara Mai | 23/11/2010
>> c'est vrai, Barbara!
Sauf si on a encore l'énergie et les moyens de faire entendre ses indignations.. et qu'on a des gens sympas pour répondre !
Là on reprend espoir!
Merci de ta visite et à+
Écrit par : arlequin | 23/11/2010
On peut également poursuivre la réflexion avec des livres du psychiatre Patrcie Huerre.
"Psychiatre des hôpitaux, chef du service Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’établissement public de santé Erasme, à Antony.
Coordinateur du projet de la Maison des adolescents dans les Hauts-de-Seine, le docteur Patrice Huerre est spécialisé depuis près de trente ans dans les actions de prévention et de soins pour les adolescents.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Alcool et adolescence, coécrit avec François Marty et Nicole Czechowski, et publié aux éditions Albin-Michel en 2007, ainsi que La prépa sans stress, rédigé avec son fils Thomas et édité chez Hachette Littératures en 2009."
Écrit par : Isabelle | 24/11/2010
Heureuse surprise Isabelle de te lire ici!
Merci de rappeler que la vision d'un film documentaire n'est complète qu'en l'accompagnant du support livresque.
L'écran ne remplace pas le livre (enfin pour l'instant!!!)
à+
Reviens quand tu veux.
Écrit par : arlequin | 24/11/2010
Merci et bravo pour ton com sur l'enfermement, je rejoins ton analyse. D'ailleurs pour ma part, on m'a souvent menacé d'enfermement pour me faire taire !...lol
Bonne soirée à toi
Écrit par : Claude | 24/11/2010
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