20/11/2010
La société adolescente
Re-vu le film documentaire de Patrice ROLET : "Ivresses d'enfer", qui met en scène et dénonce une nouvelle forme d'alcoolisation chez les jeunes adolescents (14-15 ans) :"le binge drinking". Il s'agit d'une recherche d'ivresse rapide et aigüe dans le but de "se mettre minable"(sic). Une pratique qui semble se développer et qui concerne toutes les classes sociales.
Faut-il réagir et comment ?
Deux solutions:
- La répression, c'est ce que semble privilégier le gouvernement actuel, ici comme dans bien d'autres domaines.
- La recheche de compréhension des enjeux de société qui se révèlent à travers ces excès :
"les troubles de conduite des adolescents reflètent des troubles de conduite de la société adulte. Laquelle a aujourd'hui beaucoup de traits... de l'adolescence. Il en va ainsi du rapport au temps. L'information du jour chasse celle de la veille, si abominable fût-elle. C'est très adolescent. Or, pour grandir on a besoin de se référer au temps long du passé, afin de pouvoir se projeter dans le futur. Pour les jeunes, la primauté donnée à l'immédiat par la société adulte crée une difficulté. D'autre part, notre société évolue vite, elle est un peu comme un corps en début de puberté. Face à la rapidité du changement, elle s'accroche aux branches. D'où la tentation de se replier vers le petit groupe, le village, la communauté, la famille. La société adulte vit une peur de l'ouverture au monde qui rappelle celle de l'adolescent quand il se réfugie dans son petit groupe de copains ou dans sa chambre avec sa musique. Notre société a aussi de plus en plus de difficulté à accepter le conflit, la conflictualité. Le conflit la fascine mais lui fait peur ; elle le regarde avidement mais de l'extérieur, ou bien le met en scène. Nous vivons tellement dans l'éloge du consensus que nous finissons par craindre la rencontre conflictuelle avec l'adolescent, qui pourtant a besoin de prendre appui sur des modèles de règlement de conflits enracinés sur la scène sociale ou familiale. C'est pour lui un gros problème, car moins on lui indiquera comment être en opposition sans pour autant se faire la guerre, moins il sera armé pour gérer ses propres conflits intérieurs." Patrice Huerre.
Ce qui ressort de ce film c'est que l'alcool n'est plus recherché pour ses effets déshinibiteurs mais tourné vers soi, pour s'isoler, s'anesthésier!
Ou pour mettre en scène sa propre déchéance!
15:19 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Je pense qu'en ce domaine, comme tant d'autres dans notre société actuelle, l'homme a atteint un point de non retour...
Comment les ados d'aujourd'hui peuvent ils se sentir bien dans leur peau, alors que la majorité des "adultes" n'ont pas dépassé le stade du "pipi-caca".
Pour preuve le nombre de téléspectateurs de toutes ces émissions débiles du petit écran, du chiffre d'affaire des éditeurs de magazines "people".
Ne sommes nous pas nous parents largement responsables de ce désastre ? En ayant dans de nombreux domaines refusé de dépassé notre propre adolescence ? ...
L'adolescent soixantehuitar que je suis lance le débat !...
Écrit par : Claude | 20/11/2010
>> oui Claude,
les jeunes ados sentent très bien la fragilité du monde adulte pris entre ses préoccupations hygiénistes qui amènent à faire semblant de maîtriser tous les risques (interdictions, surveillance video. etc..) et le besoin d'offrir aux enfants des loisirs suffisamment excitants pour les séduire..
La présentation systématique au jeune enfant d'activités toujours plus exaltantes n'entraîne-t-elle pas chez l'ado un besoin de retrouver ces sensations d'excitation artificielle que procurent les substances psychotropes ? Question.... que je verse au débat du soixantehuitar !!!
à+
;-D
Écrit par : arlequin | 20/11/2010
Concernant les séances d'alcoolisation extrêmes des ados de 14 ans ou les jeux du foulard des plus jeunes (9-12 ans) je ne pense pas que ce soit une nouveauté, ils ont toujours existé. On en parle plus aujourd'hui car moins taboues, souvent filmées (par les jeunes eux-mêmes) mais aussi diabolisées par les médias et les forums internet.
On parle facilement des comas éthyliques des ados et d'un autre coté on oublie ceux des adultes. De toute façon quand on est adulte (et chasseur de surcroit) les médias sont beaucoup moins intéressés par nos méga-bitures.
Les ados d'aujourd'hui possèdent déjà tout; que ce soit dans le matériel et ses gadgets ou dans les relations virtuelles multiples qu'offre l'Internet et ses (camera-)chats. L'alcool et les psychotropes sont les dernières barrières qu'ils peuvent faire tomber. Ce qui nous dérange c'est que notre responsabilité d'éducateur est engagée et que l'information circule trop vite...
Écrit par : Triptic | 20/11/2010
>>c'est vrai, Triptic,
il faut prendre les comportements adolescents comme une parole adressée aux adultes qui ont façonné (+ ou-) le monde qu'ils leur présentent. Si cette réaction prend une forme violente, c'est que les autres modes d'expression n'ont pas été jugés adaptés à la situation. OK ?
Lorsque cette violence se retourne contre eux-mêmes (comme dans les bitures-expresses), que veulent nous dire les ados ?
Qu'ils n'ont rien trouvé de mieux pour nous emmerder ?
Qu'ils ont besoin pour se construire de faire "tomber les dernières barrières" comme tu le dis !
Sans doute! Mais je trouve quand même que le prix à payer est lourd.
Elle est loin la "guerre des boutons"! Et pourtant n'a-t-on pas dit récemment que, dans notre société répressive, Tigibus serait en Centre Educatif Fermé ???
;-D
Merci de ton passage et de ton com, Triptic.
Écrit par : arlequin | 21/11/2010
Chaque ado doit passer par une crise "d'auto-destruction" et de révolte, qui dure théoriquement peu de temps ... notre rôle d'adulte, à cette période-là, est extrèmement difficile ... accompagner, parler, "punir" ... tous les ados n'ont pas la chance d'avoir près d'eux un parent qui sache prendre en considération leur malaise, parler, discuter ... Peut-être que les adultes eux-mêmes sont en crise dans notre socièté égoïste et bassement inculturelle ?
Et puis : tous ces livres-conseils pour soi-diant nous apprendre à nous occuper de nos enfants ... j'ai remarqué que l'adulte qui les lit est celui ui "regarde" le moins son enfant ...
Écrit par : Cécile | 21/11/2010
>>OK Cécile pour se méfier des excès d'intellectualisation de l'éducation. N'a-t-on pas dit que ce sont les professionnels de l'éducation les + mauvais éducateurs de leurs propres enfants ????
OK également pour dire que la transgression serait une étape nécessaire pour grandir et se positionner comme adulte.
Mais que penser des comportements transgressifs qui mettent en danger la vie ou l'intégrité physique ou mentale de ceux qui les adoptent???
Moi je serais prêt à appeler ça du désespoir!
Non?
à+
Écrit par : arlequin | 21/11/2010
L'adolescence est l'étape de l'excès depuis toujours goûter , tester ses limites.
Certain tombent et ne se relèvent que très très difficilement parfois avec des séquelles surtout ceux qui ne peuvent se raccrocher à rien.
J'ai laissé mes 4 enfants prendre les clef de la maison et partir voir ailleurs. Ils sont revenus pour me raconter leurs expériences et comparer avec les miennes.
La société a toujours été une jingle pour l'ado.
La guerre , le chômage. C'est bien a nous de parler vrai et être le pilier auquel ils pourront se raccrocher. Oui mais voilà comme il est dit ici l'adulte doit avoir digéré son adolescence pour accompagner ses enfants à la traverser.
De tout temps il y a eu les forts et les faibles. Il faut simplement être conscients que le fort doit aider le faible.
Ptèt que ça irait mieux?
Écrit par : tévi | 22/11/2010
Du désespoir, certainement ... et aussi une grande inconscience du danger
Écrit par : Cécile | 22/11/2010
Merci pour ton témoignage, chère Tevi.
"parler vrai et être le pilier"n'est possible et crédible à l'adolescence que si ces principes se sont appliqués pendant l'enfance. Comme on dit, l'adolescent refait le tour de piste qu'il a déjà réalisé dans la petite enfance.
Les excès dont tu parles et qui feraient partie des expérimentations légitimes pendant la jeunesse... le "meurtre du père" en somme dont nous parle la pk, peuvent-ils s'accomplir sans violence ? Non sans doute ?
Violence contre soi-même ou contre les autres ? Jusqu'où cette violence est-elle tolérable ?
Merci encore.
Écrit par : arlequin | 22/11/2010
>> oui, Cécile, l'inconscience du danger rend possible la prise de risques. Des risques "inconsidérés" comme on dit!
La prévention est souvent fondée sur l'étalage des risques ... accidents, abus sexuels, délinquance , etc...
Mais ne pourrait-on pas dire que, si l'un des enjeux de l'adolescence c'est la transgression, plus le risque est grand, plus l'activité transgressive est attirante ???
Non?
Merci chère Cécile de ton passage.
Écrit par : arlequin | 22/11/2010
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