19/08/2010
"Assez cons pour signer"
Vu, le faux procès tourné par J.S Bron à Cleveland à la suite de la plainte portée par la ville à l'encontre de Wall Street suite aux milliers de saisies immobilières réalisées par les banques dans les quartiers pauvres.
Le vrai procès n'aura sans doute jamais lieu, l'armée d'avocats de Wall Street ayant réussi à bloquer les procédures.
Faux procès mais vrais protagonistes. Le réalisateur a posé le cadre mais n'a pas écrit le scénario. Les acteurs du procès jouent leur propre rôle et jusqu'à la fin tous ont ignoré quel serait le verdict!
Clairement est posé, comme jamais, le véritable enjeu de cette industrie financière incontrôlée et semble-t-il incontrôlable (voir la frilosité de la nouvelle loi de "régulation" prônée par Obama). Une industrie financière sur laquelle s'appuie le capitalisme mondialisé.
Deux positions inconciliables sont face à face et ressortent de la plaidoirie des deux avocats:
_ D'une part, l'affirmation que, quellles que soient les opérations de séduction ou de tromperie dont il fait l'objet, l'homme reste libre de ses choix. S'il prend des risques, il doit en supporter les conséquences.
- D'autre part, la conviction que les pauvres sont victimes de manipulations de la part de courtiers sans scrupules qui exploitent leur crédulité pour leur faire accepter des opérations financières piégeuses dont les prêts "subprimes". En laissant faire, les banques sont complices de ces escrocs.
Je ne dévoilerai pas le verdict émis à l'issue de ce faux procès plus vrai que nature, mais tout me laisse à penser que, pour prendre parti sur une question aussi fortement idéologique, un jury, même populaire, est loin d'être le mieux placé.
Au fond, mieux vaut-il que ce procès reste "de cinéma" ???
Pour moi ce qui ressort avant tout, c'est que ce capitalisme libéral ne peut durer et se renforcer qu'en se fondant sur un MEPRIS absolu et fondamental des pauvres, c'est-à-dire de tous ceux qui sont "assez cons pour signer"(sic) les documents qu'un "beau monsieur en costume"(sic) leur présente.
Assez cons pour tomber dans les pièges que les riches leur tendent en leur donnant les apparences du bonheur "américain".
09:59 Publié dans Eclats de voix | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pauvrete, capitalisme
21/02/2010
Travailler encore et toujours
La question des retraites va être réglée en 2010. C'est ce qu'annonce le "grand" courageux qui veut passer pour la postérité comme celui qui a réussi là où tout le monde avait échoué!
Pour préparer le terrain, experts et medias présentent la réforme comme inéluctable car s'appuyant sur des FAITS QUANTITATIFS DONC INDISCUTABLES: l'allongement de l'espérance de vie et la proportion actifs/retraités.
Trois solutions sont habituellemnt données:
- cotiser +
- baisser les pensions
- travailler plus longtemps.
Ce genre de raisonnement simpliste m'a toujours semblé un attrape-nigaud.
Pourquoi les progrès de la médecine, de l'hygiène et des conditions de vie (pas pour tout le monde!!!), qui ont permis cette avancée, seraient-ils nécessairement sanctionnés par une contrainte supplémentaire ?
- La retraite par répartition, le plus sûr et le plus solidaire des régimes, serait-il en péril du fait que la masse des gens vivent plus longtemps ???
- Faudra-t-il, dans ce domaine comme dans bien d'autres, INDIVIDUALISER complètement les retraites en faisant fi des luttes collectives qui ont permis, au cours des décennies, au plus grand nombre de vivre une vieillesse apaisée et bien souvent utile ?
- La retraite par capitalisation - dont rêve notre droite sans plus oser le dire - a pourtant montré ses limites et ses travers il y a peu!
Trois questions me semblent absolument occultées dans ce débat:
- Les conditions de travail de + en + stressantes,
qui font que le travailleur n'a qu'une idée, quitter ce milieu qui le tue!
- Le raccourcissemnt des carrières par le début et par la fin,
le travailleur ne serait rentable qu'entre 30 et 45 ans !!!
- La place des vieux dans le monde social,
comment valoriser le bénévolat et le service rendu à la collectivité?
Et puisqu'il s'agit d'une question de solidarité, commençons par faire payer les riches qui profitent plus encore que les autres de notre "modèle social" si protecteur!
Par exemple taxer à 5% les bénéfices non réinvestis rapporterait plus de 5 milliards d'euros, 1 million d'emplois supplémentaires correspond à 3 milliards d'euros dans les caisses vieillesse...etc...
NON la vérité dans cette réforme c'est qu'on ne veut surtout pas bousculer l'ordre établi et qu'on préfère ajouter une injustice plutôt que de risquer un désordre.
Car il ne s'agit de rien d'autre que de "REPARTITION DES RICHESSES".
Alors, messieurs les beaux-esprits, arrêtez vos bla-blas pseudo-scientifiques!!
18:38 Publié dans Eclats de voix | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : retraite, richesse, pauvrete
03/04/2009
Pour ne pas conclure...
Pour tenter de rompre avec le discours occidental dominant qui consiste à affirmer que chacun est maître de son destin et responsable de son malheur, nous avons diffusé des documentaires sur des thèmes variés pour essayer de rendre compte de la réalité sociale telle qu'elle se présente à nous.
Voici quelques réflexions à chaud pour ne pas tomber dans "l'ineptie de conclure":
- Les "personnes de la rue" ou en grande précarité, aussi cabossées soit-elles par les ruptures familiales, professionnelles ou psychologiques qu'elles ont SUBIES, parviennent par la musique et le chant choral à créer des réseaux de solidarité qui leur font reprendre goût à la vie.
- les immigrés tunisiens, travailleurs manuels arrivés à 20 ans pour pallier le manque de main d'oeuvre française, ayant vécu toute leur vie dans des baraquements et largement exploités par le système capitaliste font enfin l'objet de l'attention des pouvoirs publics.
- "Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage".En quoi les personnes qui perdent leur emploi à la suite d'une crise directement provoquée par les abus du capitalisme financier sont-elles responsables de leur situation ?
Plutôt qu'à les prémunir contre la pauvreté, la tendance actuelle est bien davantage à les culpabiliser!
- Les 300000 surendettés que compte la France ont succombé aux pièges et à l'agressivité des banques qui cherchent à placer à tout prix des crédits "revolving".
- Sur les 3400000 salariés qui travaillent à temps partiel et gagnent moins que le SMIC, les trois quarts sont des femmes et 80 % d'entre elles souhaiteraient travailler plus. Au lieu de cela, on veille à ce qu'elles ne puissent se rencontrer et sont donc dans l'incapacité de mener une quelconque action collective.
- lorsque des enseignants militants se donnent la peine de braver l'Education Nationale pour proposer aux élèves en grande difficulté des formes d'expression adaptées à leurs besoins, on obtient des résultats magnifiques.
- les joueurs excessifs sont attirés moins par l'appât du gain que par une irrépressible envie de ressentir une excitation qui finit par les mettre en grande souffrance et parfois par menacer leurs vies. Eux aussi sont pris dans une infernale spirale dont on ne peut se sortir uniquement par la VOLONTE.
- les clandestins qui grelottent dans les squares de Calais, chassés par les guerres et par la misère, ont-ils vraiment choisi de venir mourir sous les essieux d'un camion en partance pour l'Angleterre ? Rappelons que l'immigration est avant tout un enjeu politique.
- les travailleurs sociaux, pris en tenaille entre les "usagers" en détresse et l'administration tatillonne disposent de quelle marge de manoeuvre ? Placés bien souvent au coeur d'un conflit de loyauté, comment peuvent-ils garder la distance et la sérénité indispensable à toute intervention sociale ???
- Enfin, très représentrative de l'ensemble, la disparition progressive des Services Publics a cet effet insidieux de transformer les citoyens éduqués et responsables en proies faciles du marketing et de la publicité.
La mondialisation des échanges, la privatisation des services et la financiarisation de l'économie ont eu comme effet la montée des inégalités.
Pris dans cette logique de profit à court terme, l'individu, glorifié, courtisé et au bout du compte manipulé, est-il en mesure de peser sur sa destinée et de formuler des choix libres et responsables?
"La bourse des valeurs plutôt que les valeurs de la Bourse"...
Merci de compléter et de laisser des commentaires...
11:15 Publié dans Eclats de verre | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : pauvrete, responsabilite
25/03/2009
La régulation des pauvres
Ce piètre discours d'hier soir du petit roi entouré de ses courtisans me ramène à mes préoccupations du moment, à savoir la place des pauvres dans cette méritocratique démocratie.
Le plus clair et fort de ce discours c'est le projet de durcir la répression contre les fauteurs de violences dans les établissements scolaires. Très bien, bravo! La puissance publique est là pour assurer la sécurité des citoyens.
Unu intrusion dans un collège ou deux !
Le gouvernement réagit aussitôt : une loi, des caméras video, des portiques, un nouveau fichier!
Et voilà le tour est joué!
Toute cette agitation pour nous laisser à penser que ces faits divers constituent la seule et unique cause de l'insécurité sociale.
Pour nous FAIRE OUBLIER que la véritable violence réside dans la montée des inégalités, dans la précarisation de l'emploi et dans la dérèglementation.
La moralisation du capitalisme est à la mode. Le pouvoir verse des larmes de crocodile sur ces grands patrons "malhonnêtes" qui s'attribuent des parachutes dorés! Ah la pathétique indignation de Parisot !!!
Pas d'inquiétude pour les capitalistes, ils s'en remettront!
A l'inverse la regulation des pauvres est toujours plus fortement ancrée dans les politiques. Et si celle-ci passe de moins en moins par la douce main caressante de l'Etat-providence, elle s'affirme maintenant par le bras armé de l'Etat carcéral.
Pour les Nations Unies, la pauvreté c'est le manque de ressoures matérielles, l'exclusion du travail, la vie brève, l'illettrisme.
Dans nos sociétés où l'on ne connaît pas comme en Afrique l'extrême pauvreté, c'est plutôt l'écart entre les attentes et la réalité; entre ce qu'on estime être en droit de recevoir et le résultat obtenu.
C'est cet écart qui produit la violence! Ces petites et grandes souffrances du quotidien, en famille, dans le quartier, au travail, ces désarrois, ces frustrations, telles que Pierre Bourdieu les avaient relatées en 1993 dans "la misère du monde" se trouvent mises en parallèle avec les prétendues valeurs de l'implacable idéologie néolibérale de la méritocratie.
La violence dans les écoles, que nous estimons tous intolérable, n'est que l'expression lamentable d'une souffrance indicible, c'est-à-dire d'une PAROLE confisquée...
confisquée par qui au fait ???
11:39 Publié dans Eclats de voix | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pauvreté, régulation