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05/10/2010

Monsieur HITCHCOCK

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Vu, "Double take", film de montage très malin du cinéaste belge Johan Grimonprez.

La mise en parallèle d'interventions d'Alfred Hitchcock, d'extraits de "Les Oiseaux", de spots publicitaires et de courts passages des actualités américaines des années 50 et 60 laisse beaucoup à penser sur le ballet ridicule des grands de ce monde et de leur représentation dans les medias.
Revoir les joutes dérisoires de Kroutchev et de Nixon sur fond de course à l'espace et aux armements, les associer à l'humour corrosif du maître du "Mac Guffin", voilà un choix particulièrement judicieux  pour en montrer le caractère pathétique.
Se référant à J.L. Borges sur le "double" qu'il faut tuer pour ne pas être tué, J. Grimonprez nous propose un voyage dans le temps, ce temps destructeur, ce labyrinthe cher à l'écrivain argentin, ce temps qui, seul, permet le recul salutaire pour apprécier pleinement l' ambivalence inquiète de Monsieur Alfred poursuivi par ses sosies!
Pour moi, ce film sur un "homme timide devenu intimidant", comme le disait F. Truffaut, animé par une "passion exclusive, une émotivité extrême", est un hommage rare car  il emprunte les mêmes chemins tortueux et vivifiants de la complexité, fût-elle grinçante.
A l'heure où l'on veut réduire l'homme à un producteur et le citoyen à un consommateur, ce rappel m'apparaît nécessaire.