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31/01/2008

"Le peuple travaille"

b48c6bc9759c711876e27729e099c5ec.jpgF. Mispelblom, professeur à l'Université d'Evry, analyse les stratégies politiques du président à la lumière du "Prince" de Machiavel.
J'en cite quelques extraits particulièrement éclairants :
"...Les leçons tirées de Machiavel ont été très visibles lors des trois campagnes électorales différentes que le candidat Sarkozy a su mener : très à droite, au centre, et même à gauche (Jaurès !).
Machiavel : le prince doit savoir mettre en retrait son propre caractère pour s'adapter aux circonstances, et "la fin justifie les moyens" ("la première campagne se gagne avec les électeurs de le Pen", donc "laissez tomber vos vieux principes"). La devise "diviser pour régner" s'appliquait déjà dans cette campagne mais plus encore par la suite. Si le candidat Sarkozy a su créer la surprise par son attitude très calme durant le débat télévisé avec son adversaire Ségolène Royal, ou en se mettant en retrait durant les semaines de grève et de négociation, c'est que le prince doit savoir être "à la fois lion et renard", et "ne pas s'attirer la haine du peuple", en faisant jouer à l'occasion le rôle du "méchant" à son Premier Ministre. Mais il a tout aussi bien pu s'inspirer de cette devise de Sun Tzu : "sois insaisissable : ne sois pas là où tes ennemis t'attendent, et apparais là où ils ne t'attendent pas"[....] s'il veut garder le pouvoir, le prince doit "brider les Grands" en prenant appui sur le peuple [...] faire venir des "représentants de la banlieue" au gouvernement, nommer des ministres "de gauche" et des experts contre les Grands de son propre camp, aller dans les usines ou "se battre" verbalement avec des pêcheurs, relève de cette tactique, formulée un jour par François Fillon : "le microcosme s'agite, pendant que le peuple travaille".

L'usage de la religion se trouve lui aussi formulé dans l'œuvre de Machiavel, qui écrit à propos des "principautés ecclésiastiques" qu'elles "se trouvent soutenues par les structures très anciennes de la religion, et celles-ci se sont révélées si fortes et de si haute qualité qu'à elles seules elles préservent leur prince, quel que soit son comportement"…. Mais dans bien d'autres passages Machiavel indique que même si le prince n'y adhère pas, la religion est un "instrument" du pouvoir (tout comme la morale)...."

Je ne sais si Frédéric a lu "Le prince bureaucrate" (C.Paradeise, Flammarion. 1981) où il est dit que "Le Prince Bureaucrate abandonne les garanties de la raison et de la science pour chercher ses catégories dans l'univers mouvant des apparences... Bientôt un seul lieu commun demeure : l'idée d'un lieu commun elle-même, qu'on appelle consensus.
Par l'étude de marché, le Prince Bureaucrate ôte les mots de la bouche de ceux à qui il s'adresse, laissant bientôt place à une majorité silencieuse et à une opposition aphasique..."
(p.173)
Merveilleuse clairvoyance !!!!... il y a 26 ans ...
Rien de nouveau sous le soleil!

30/01/2008

Plus besoin, d'la ministre!

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"Une très forte baisse du soutien de l’État menace aujourd’hui la diffusion culturelle du cinéma et de
l’audiovisuel sur tout le territoire."
C'est ce que nous dénoncions le 9 décembre dernier!
Il semblerait qu'aujourd'hui c'est tout le ministère de la Culture et en particulier sa ministre qui soient menacés.
Décisions importantes tombant directement de Sarkozy sans consultation, évaluation des actions culturelles sur le modèle de l'entreprise privée, projet de suppression de plusieurs directions, RGPP (révision générale des politiques publiques), suppression de fonctionnaires...etc...:
"Au seul regard du public, il n'y a pas de légitimité ni vraiment de sens à ce que l'Etat soutienne d'une manière quelconque la littérature de création, le spectacle vivant, les librairies indépendantes, le cinéma d'auteur, la musique contemporaine, l'intervention d'artistes dans des lieux de réclusion... c'est le périmètre de gratuité de l'intervention publique!"
(Télérama N° 3028, D.Conrod)
Pour un gouvernement qui fonctionne à l'audimat et à la démagogie, que représentent :
* la circulation des oeuvres et leur rencontre avec un public large et diversifié,
* la diffusion du patrimoine cinématographique,
* l’accès à la diversité de la production (court métrage, documentaire, animation, fiction, expérimental…),
* la sensibilisation et la formation des publics, notamment le jeune public en temps scolaire et hors temps scolaire,
* l’aménagement culturel du territoire notamment en zone rurale et péri-urbaine.
à vous.

 

29/01/2008

Nouveau scandale africain!

Aminata Traoré, Cheikh-Hamidou Kane (Préfacier) - L'Afrique humiliéeScandaleux!
C'est ainsi qu'Aminata Traoré, ex-ministre de la culture du Mali, qualifie les nouveaux APE (Accords de partenariat économique) signés en décembre à Lisbonne entre L'Europe et certains pays africains, remettant en cause les exemptions de droits de douane réservées aux produits des pays pauvres sur le marché européen. 
Elle les appelle des "Accords de Pillage Economique".
Dans son dernier ouvrage, "l'Afrique humiliée",  Elle critique vivement le discours de Sarkozy à Dakar, en juillet dernier. Elle dénonce ces échanges toujours plus inégalitaires: "l'Afrique est inondée de produits subventionnés ou venus de Chine".
"Toute la ville est habillée de polyester pendant que notre coton de qualité s'exporte sans que nous puissions le tisser!"..
Elle s'en prend à la politique d'immigration des pays européens et en particulier de la France:

"Inutiles, les nouveaux naufragés entassés sur des embarcations de fortune, supposées les conduire vers la terre ferme de l'Europe. Invisibles, les désespérés qui traversent l'enfer du désert. Indésirables, ceux qui, menottes aux poignets, sont reconduits dans leur pays d'origine."
"Restez chez vous et ouvrez nous vos marchés"! Voilà ce qu' ordonne la mondialisation libérale!
Un seul espoir : qu'à l'instar de beaucoup d' africains , de + en + d'européens prennent conscience que la libéralisation généralisée des échanges nous "mène dans le mur".
Mais ça, m'est avis que c'est pas gagné!

L'Afrique humiliée, Fayard, 295 pages, 18 euros.

28/01/2008

"Capitulards"

a219c8d45f684c84a263b7abfd5f7534.jpgJanvier 2008 restera marqué par un accord MEDEF / FO.CFDT.CFTC.CFECGC.
Il fallait voir Fillon crier victoire à la télé et Sarko se rengorger!
Sous prétexte de "modernisation" et de mise en application des directives européennes, sous la pression du gouvernement qui a brandi les pires menaces, explicites ou cachées,  (cf projet de loi sur la représentativité des syndicats), 4 organisations ont cédé.
"Flexisécurité", licenciement "amiable", cet accord est une grande victoire du patronat.
En grignotant le code du travail, en réduisant les droits chèrement acquis des travailleurs, en précarisant encore un peu plus la situation des salariés!
FO trouve que c'est un "bon compromis"!
La CFDT se félicite de "cette crédibilité retrouvée du dialogue social"
La CGT - non signataire - "salue "l'importance du travail réalisé".
Alors où en est-on?
Les bons esprits ont dit souvent que la tradition révolutionnaire du syndicalisme français n'avait pas permis au monde du travail de s'adapter à la modernité et que la rigidité des structures était responsable de la montée du chômage!

Alors assiste-t-on vraiment aujourd'hui à une rupture grave et définitive dans l'histoire du mouvement ouvrier ?
Cet accord marque-t-il un tournant décisif dans les grandes orientations du syndicalisme français ?
Doit-on s'attendre désormais à une cogestion généralisée patronat/syndicat des relations sociales dans l'entreprise ?
La poursuite de l'aide publique accordée aux organisations sera-t-elle directement proportionnelle à leur soumission ?
Est-ce à dire que la classe ouvrière organisée n'est qu'un lointain souvenir ?
Que la mondialisation a ringardisé toutes les formes traditionnelles de luttes sociales?
Que la lutte des classes a vécu ?
Que la grève est à ranger dans la galerie des archives ?

La faiblesse mesurée au nombre d'adhérents, la division et la lutte intersyndicale, l'institutionnalisation sclérosante parfois, tout cela alimente ce qu'on appelle "la misère du syndicalisme".
Tout cela est vrai sans doute,
Mais que deviennent nos croyances en un syndicat école de solidarité, de justice sociale et de promotion salariale ?
Que reste-t-il de nos espoirs en une société d'hommes debout, dont la dignité s'est forgée dans l'action collective et la lutte solidaire?
(Merci à Patsy pour son émission sur AlternantesFM)