20/03/2009
La place des pauvres
Les manifs d'hier me sont apparues davantage comme l'expression d'une grave crise de société que comme un moyen de pression directe sur le gouvernement ou sur le patronat.
Chacun le sent, nous sommes arrivés au bout d'un système que toutes les entreprises de "moralisation" ou de prétendue "refondation" ne pourront pas sauver!
Pour l'illustrer, je m'appuierai sur le slogan phare de la campagne de Sarko "Travailler plus pour gagner plus" que j'ai d'ailleurs souvent vu repris sous forme dérisoire dans les cortèges d'hier.
Car ce slogan renvoie à la répartition des richesses c'est-à-dire à la place des pauvres dans le monde social.
Chaque civilisation, chaque culture a sa conception propre de la pauvreté.
C'est tout à l'honneur de la démocratie moderne occidentale d'avoir élévé l'EGALITE en principe premier.
Pourtant les résultats sont loin d'être à la hauteur de ces belles intentions.
Aujourd'hui on fait comme si chacun avait le choix, travailler plus ou moins, gagner plus ou moins, acheter plus ou moins ...etc...
Cette imposture (posture indigne!) les manifestants m'ont semblé enfin l'intégrer!
Prenons l'exemple de la consommation de produits de première nécessité. On nous dit que les "hard discount" rencontrent un franc succès. Pensez-vous vraiment que ceux qui achètent des produits discount ne préfèreraient pas des aliments meilleurs et plus sains, des légumes bio plutôt que des produits industriels ???
"Travailler + pour gagner +", les pauvres sont donc des fainéants, ils sont ainsi pleinement responsables de leur malheur!
Ainsi stigmatisés, les pauvres peuvent sans vergogne être réduits à une variable d'ajustement; maladroits ou presseux, ils sont désormais les inévitables rebuts du marché planétaire.
La lutte des classes renvoyée au magasin des antiquités, il faut désormais parler de "lutte des places"* où chacun a sa chance dès lors qu'il a les dents longues et qu'il fait passer la valeur profit avant toutes les autres!
La manif d'hier, c'est le timide commencement d'un retournement de pensée!
NON SEULEMENT NOUS NE NOUS SENTONS PAS COUPABLES, MAIS NOUS VENONS VOUS DEMANDER DES COMPTES A VOUS LES RICHES SUR CE QUE VOUS AVEZ FAIT DE VOTRE PROPRE RESPONSABILITE!
Plutôt que la place des pauvres, c'est maintenant la responsabilité des riches, profiteurs, spéculateurs, voleurs, menteurs, qui est posée!
Sarkozy ne pourra pas revenir sur les cadeaux faits aux riches dont il a voulu marquer, concrètement et symboliquement, le début de son mandat... il est l'un des leurs!
*cf V. de Gauléjac
09:59 Publié dans Eclats de voix | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : richesse, pauvreté
Commentaires
Bonjour Arlequin,
Le slogan de Monsieur Sarkozy n'est de toute façon plus d'actualité. Avant de travailler plus, il faudrait déjà commencer par travailler tout court ! Or au vu du contexte actuel, ce n'est pas gagné.
J'aime beaucoup ta comparaison avec la "lutte des classes" qui résume très bien la situation. Ceci dit ce genre de comportement a hélas toujours existé...
Bisous à toi
Écrit par : Cedehel | 20/03/2009
Salut Arlequin,
Tout d'abord, je pense que ceux qui croient encore qu'une manifestation, si réussie soit elle, pourra modifier la manière dont sont réparties les richesses, faire en sorte de réduire les inégalités, etc, etc...
La forte mobilisation m'apparaît, comme tu le dis par "expression d'une grave crise", effectivement comme un symptôme, un révélateur, que quelque chose est en train de se passer. Durant des années, le discours dominant a essayé de faire croire que la lutte de classes n'existerait pas, qu'en quelque sorte, on serait tous dans le même bateau (attention aux mutineries !).
Aujourd'hui, je pense que la question de l'interdiction des licenciements collectifs doit être posée, discutée, dans ce que tu indiques par "nous venons vous demander des comptes".
Enfin, cette "lutte des places" ressemble, à mon sens, à un vaste jeu de chaise musicale, qui ne change rien à la structure de la société, mais contribue à donner l'illusion à chacun qu'il pourra s'en sortir s'il s'en donne les moyens, ou le mérite (le "self made man" américain,...).
Bon dimanche !
Écrit par : eric | 22/03/2009
>> si ce slogan n'est plus d'actualité après 2 ans de bons et loyaux services, c'est que dès le départ c'était une fumisterie... or il y a peu j'ai entendu quelque part un membre de l'UMP dire que c'était ce slogan - avec "il faut liquider l'héritage de mai 68" - qui les avait fait gagner !!!
Misère, misère!!!
Merci de ta visite cedehel!
à+
Écrit par : arlequin | 22/03/2009
>> Eric,
Merite !!! le mot fatidique est lâché!
Salaire au mérite, intéressement au mérite, évaluation permanente, rentabilité maximum...
voilà la logique actuelle de ce gouvernement!
Pour les salariés cela correspond à quoi exactement ?
- à la pression continue mise sur le travail,
au harcèlement qui pousse certains au suicide et d'autres à la dépression, à la menace de licenciement, à la mauvaise conscience...
sauf que tout cela ne concerne pas les riches !!!
cf les super bonus que certains dirigeants se sont attribués aux USA avec l'argent du contribuable et aux stocks options que 4 directeurs de la Société Générale voulaient s'octroyer... après avoir fait appel à l'argent public...
Docteur Guillotin, vous pourriez pas nous inventer une machine pour arranger ça ??? ;-)))))))))))
merci de ta sympathique visite Eric,
c'est quand tu veux!
Écrit par : arlequin | 22/03/2009
Hello, effectivement la situation est grave ! Le trou entre les personnes de petit moyen et les personnes riches !! Cela est grave et cela fait beaucoup de catastrophes humaines !!!
A bientôt
Écrit par : Obstinee | 24/03/2009
>> oui mon amie obstinée, chaque jour nous amène des infos scandaleuses sur les riches qui se gavent sur l'argent du contribuable !
Mais ne nous y trompons pas, ça s'est toujours passé comme ça! Simplement aujourd'hui ça devient insupportable! et c'est tant mieux!
mais maintenant c'est allé trop loin et je parie que les paroles lénifiantes du président français (ou plutôt de celui qui croit l'être) n'amusent plus personne!
c'est quand tu vx, l'amie
à+
Écrit par : arlequin | 24/03/2009
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