19/11/2009
L'identité
Je m'étais bien promis de ne pas me mêler de ce débat nauséabond sur l'identité nationale qu'ont lancé Sarko et Besson.
Nauséabond car associant l'identité des français à une menace que ferait peser sur elle les immgrés et en particulier les musulmans. (cf Discours de la Chapelle en Vercors, la semaine dernière)
Pourtant je suis tombé avec émerveillement sur une interview de Claude Levi-Strauss dans un doc de Pierre-André Boutang et je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une phrase magistrale de ce grand homme :
"...l'homme est d'abord un être vivant et souffrant avant d'être un être pensant. C'est dans la seule mesure où chacun de nous parviendra à préserver dans son for intérieur le souvenir et plus que le souvenir, l'expérience vivante de cette IDENTITE avec tout ce qui vit et donc tout ce qui souffre, que l'homme pourra être assuré de n'être jamais traité en bête par ses semblables, parce qu'il aura étendu la notion de semblable à tout ce qui vit et qui possède, de ce fait, un titre imprescriptible à la COMMISERATION".
19:04 Publié dans Eclats de voix | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : identité, levi-strauss
Commentaires
Salut Arlequin, C'est curieux, nous avons traité du même sujet sous deux angles différents.
On peut ne pas être tout à fait d'accord avec C. Levy-Strauss et s'opposer au fait qu'être vivant et souffrant équivaud à accepter cette souffrance comme inévitable. Cela fait très 19ème siècle.
Mais nous sommes au 21 ème siècle et partout, la recherche s'attaque aux causes de la souffrance et tente de les réduire.
Et plus encore, cette souffrance qui nous vient des autres, ce gout que certains ont de s'acharner sur le faible, ne pourront jamais être vaincu par la pitié. Mes amitiés OP
Écrit par : Opaline | 20/11/2009
La "commisération" terme qu'emploie Levi-Strauss est pour moi assez différente de la pitié.
La pitié est par essence "dangereuse"(cf S. Schweig) car elle peut se teinter d'une bonne dose de mépris.
Comme le disait Tourgeniev: "Quand la pitié commence, l'amour finit"(Etranges histoires)
Non, la commisération suppose une empathie, une attention particulière, une capacité travaillée à "se mettre à la place", à partager la misère de l'autre.
Evidemment tout cela est un peu naïf et très théorique... mais bon! Les mots nous aident à réfléchir!
à+ Opaline.
Écrit par : arlequin | 21/11/2009
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