Arlequin

Dans le syndicalisme français il y a désormais deux fronts qui sont, en fait, représentatifs de l'idée qu'on se fait des rapports socio-économiques.
D'un côté, ceux qui pensent que plus le marché du travail sera fluide, les salaires bas, les cotisations sociales faibles et les statuts précaires, moins il y aura de chômage.
De l'autre côté, ceux qui considèrent que les salariés ont des droits liés à l'histoire de ces deux derniers siècles en Occident, que l'Etat est le garant de ces droits et que l'emploi sera défendu par la croissance et la relance du pouvoir d'achat.
La conception libérale anglo-saxonne d'une part, censée être la mieux adaptée à la mondialisation des échanges commerciaux, la vision socialiste d'autre part, censée protéger les intérêts des travailleurs sans cesse menacés par l'appétit insatiable des grandes multinationales.
D'un côté, le marché, vertueux par essence, la Bourse, toute puissante, les riches, toujours plus riches...
De l'autre, l'Etat-Nation, garant de la cohésion sociale et de la justice.

Y a-t-il un compromis possible entre ces 2 conceptions aussi opposées de la démocratie ?
Peut-on donner aux riches en caressant les pauvres ?
Peut-on donner aux uns sans prendre aux autres ?
Comment nous faire croire que les nantis ne s'enrichissent pas sur le travail des pauvres ??? 

Décidément la Droite n'est capable de "réformer" que lors qu'il s'agit d'exploiter encore un peu plus le pauvre monde !
Quand il faut adapter les lois à l'évolution de la société, là elle s'arc-boute sur les conceptions les plus ringardes.
Le mariage, l'adoption, la PMA, les salles de shoot, etc...on assiste à une avalanche de positions ridicules à force d'être simplistes et réacs. Ainsi Pécresse à propos des salles d'accompagnement pour les drogués :"c'est de l'empoisonnement assisté" !!!
Le meilleur commentaire vient d'une journaliste belge:" Je n'imaginais pas la France aussi conservatrice... la France met en avant sa laïcité en toute occasion. Or ce débat montre que les religions ont encore une réelle influence sur les mentalités". (citée par METRO d'hier)
Imparable!

Chaque année, une grand messe appelée "conférence salariale" se déroule au Ministère des Affaires sociales et de la santé, concernant les enveloppes accordées au secteur associatif, sanitaire, social et médico-social.
Celle-ci a eu lieu hier.
FO, la CGT et la CFTC ont décidé de la boycotter. Pourquoi ?
A l'heure où les employeurs s'en prennent aux Conventions Collectives qui ont été et sont encore l'ossature de ce secteur si particulier, comment cautionner le désengagement de l'Etat de l'une de ses missions traditionnelles ?
Ce sont ces Conventions collectives qui ont donné un sens, une direction à "l'initiative privée", "héritage de Vichy" et de l'immédiat après-guerre. Ce cadre collectif, égalitaire et protecteur, a permis le développement structuré et coordonné de l'Action sociale et de la solidarité.
C'est ainsi qu' à la notion de charité inter-individuelle, de main tendue des riches vers les pauvres, s'est substituée celle d'Action sociale contrôlée et garantie par l'Etat et réalisée par des agents dûment formés et salariés par des associations privées remplissant une fonction de Service public.
Au dela du démembrement de ce secteur voulu par les employeurs et les gouvernements pétris d'austérité, c'est toute cette conception du "vivre ensemble" qui est en cause. Pourquoi la CFDT qui se prétend encore une organisation ouvrière ne le comprend-t-elle pas ?
Mystère!