Arlequin

Encore un beau documentaire vu récemment :

"PASSEE LA PEINE"
de Florence Mary.

Des détenus en fin de peine sont reçus pendant de courts séjours dans des familles d'accueil.
Cela leur permet de créer des relations amicales avec des familles qui les accueillent sans arrière-pensée, sans les juger mais en posant des exigences clairement définies à l'avance. Cela facilite grandement leur réinsertion en leur redonnant les repères indispensables à leur retour dans la vie en société: "Passés 5 ans d'emprisonnement, les personnes ont souvent des troubles spatio-temporels, auditifs ou visuels".
C'est à l'initiative de L'Etape, une association nantaise de Travail Social que cette expérience est menée depuis plusieurs années. Elle est, paraît-il, unique en France.

Bravo à Florence Mary pour cette réalisation fine et sensible. La caméra est toujours au bon endroit, suffisamment proche pour être au coeur des échanges pas toujours faciles entre les différents partenaires, détenus, éducateurs spécialisés, familles accueillantes, suffisamment discrète et respectueuse aussi pour laisser se dérouler les situations de rencontre.

Moins tape à l'oeil, moins démagogique que les peines-plancher et les diverses lois repressives du gouvernement, ces expériences sont autrement plus efficaces pour lutter contre la récidive.
Mais dans cette société sarkozienne du spectacle et du clinquant, y a-t-il encore place pour des solutions faisant appel à l'écoute attentive mais exigente, à l'accompagnement chaleureux mais rigoureux ?

Merci à l'Etape, à ses professionnels, à ses familles d'accueil et à Florence pour nous avoir laissé un peu d'espoir! 
 

Vu, le dernier doc de Gilles Perret, le réalisateur de "Ma mondialisation" dont nous avions parlé ici.

"WALTER, Retour en résistance"

Magnifique portrait d'un résistant des Glières, déporté à Dachau, qui témoigne auprès des jeunes de l'horreur de la guerre mais qui sait aussi faire le lien avec la politique actuelle.
"Qu'avons nous fait des idéaux du Conseil National de la Résistance ?"
La Sécu, la retraite par répartition, la liberté de la presse, les nationalisations des secteurs-clefs... où en est-on aujourd'hui ?
"Résister se conjugue-t-il au présent?"
Rencontre avec Stéphane Hessel venu saluer Walter :"Puisque nous avons réussi alors que le poids du nazisme et du fascisme étaient énormes, on peut surmonter ces obstacles qu'on rencontre aujourd'hui..."
Gilles Perret interroge B. Accoyer député de Hte-Savoie, président de l'Assemblée Nationale sur la contradiction entre la célébration de la mémoire de la Résistance et la remise en cause de ses acquis. Pas content le monsieur, non pas content du tout !!!
Et Sarko venu sur le plateau en 2008, n'écoutant pas les explications du vieux résistant, faisant des plaisanteries douteuses dans le cimetière!!! Quelle misère!

"Cest un film magnifique, une leçon de civisme, d'humanisme et de courage. Un élan d'optimisme." Raymond AUBRAC. 
 

Je m'étais bien promis de ne pas me mêler de ce débat nauséabond sur l'identité nationale qu'ont lancé Sarko et Besson.
Nauséabond car associant l'identité des français à une menace que ferait peser sur elle les immgrés et en particulier les musulmans. (cf Discours de la Chapelle en Vercors, la semaine dernière)
Pourtant je suis tombé avec émerveillement sur une interview de Claude Levi-Strauss dans un doc de Pierre-André Boutang et je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une phrase magistrale de ce grand homme :

"...l'homme est d'abord un être vivant et souffrant avant d'être un être pensant. C'est dans la seule mesure où chacun de nous parviendra à préserver dans son for intérieur le souvenir et plus que le souvenir, l'expérience vivante de cette IDENTITE avec tout ce qui vit et donc tout ce qui souffre, que l'homme pourra être assuré de n'être jamais traité en bête par ses semblables, parce qu'il aura étendu la notion de semblable à tout ce qui vit et qui possède, de ce fait, un titre imprescriptible à la COMMISERATION".