Arlequin

Il ne faudrait surtout pas penser que la Grèce est "l'homme malade" de l'Europe ni que les Grecs l'ont bien cherché en profitant royalement des subsides européens.
Et même si c'était vrai et que les Grecs vivent à crédit sur le compte des autres puissances, ça n'est jamais qu'un rattrapage. N'oublions pas que les vacanciers anglais, français et surtout allemands qui, aujourd'hui, se font tirer l'oreille, ont profité largement des prix très bas pratiqués dans ce magnifique pays, dans les années 60-70.

Les fameuses agences de notation au service des capitalistes ne font que pointer à un instant T une situation qui, par définition, est infiniment volatile.
Demain nous serons tous directement concernés et là, vous allez voir, les pères la rigueur vont sortir du bois.

Vous savez, ceux qui ont le chic de culpabiliser les petits... ou les  moyens...ou les petits qu'ont pas les moyens !!!
On les entend déjà:
"Nous vivons au-dessus de nos moyens... les fonctionnaires nous coutent trop cher... les syndicats devraient être plus raisonnables..."
Les mêmes qui ne trouvaient rien à redire lorsque l'Etat français perdait 20 milliards d'euros dans son opération de sauvetage des banques ou lorsqu'on refusait de sanctionner la spéculation.

Pour la route, une petite phrase de J.C Mailly sur France Info:
 "Il faut le courage d'expliquer que oui, il y a une crise due au
 libéralisme économique, oui il faut changer le modèle y compris   en matière de retraites mais ce courage-là, le gouvernement ne   l'a pas"
 

Avez-vous vu cette récente émission où encore une fois la télé parle de la télé ? La nouveauté c'est qu'il s'agit là d'une tentative d'analyse de l'influence de ce medium sur nos cerveaux + ou - "disponibles"!
Entreprise louable de Christophe Nick, auteur par ailleurs de la série sur "la violence ordinaire", qui cherche à montrer que le pouvoir de la télé est tel qu'elle peut transformer 80% des braves gens que nous sommes en possibles tortionnaires!
Tout cela est sans doute juste, la télé étant particulièrement habile à diffuser de la confusion entre "le pour de vrai et le pour de faux", comme le disait F. Dolto.
Mais si l'on prend la télé comme un symptôme de l'état d'avancée de notre civilisation occidentale, la question est de savoir si nous sommes aptes à exercer notre esprit critique ou plutôt à nous soumettre à une autorité pour peu qu'elle soit légitime.

Ce que montre en effet ce "jeu de la mort" c'est que, placé dans un système de fortes contraintes, très peu d'entre nous sont capables de résister aux injonctions, même et y compris lorsqu'il s'agit de mettre en péril la santé d'autrui!

La pensée libérale, largement répandue aujourd'hui, valorise la responsabilité individuelle. Bravo! Sauf que pour que cette liberté s'exerce parfaitement, l'individu ne doit trouver dans sa marche vers la réussite aucun obstacle susceptible de la ralentir, il doit donc s'être au préalable libéré de toute contrainte psychologique, en particulier vis à vis de l'autorité.
Voilà bien la contradiction essentielle de cette idéologie fondatrice de la droite, entre le culte de l'individualisme forcené et les risques de l'insoumission, comment choisir?

Un exemple osé m'en est fourni par le crash de ce Tupolev à Smolensk.
Les autorités russes désignent le pilote comme seul responsable car ayant désobéi aux ordres de la tour de contrôle.
Comment peut-on imaginer une seconde qu'un pilote expérimenté ait de plein gré risqué la vie de ses passagers en tentant un atterissage aussi difficile? Non!
Ce commandant de bord a très certainement suivi les injonctions de ces beaux messieurs présents dans l'avion voire du président lui-même qu'on décrit comme nerveux et irascible. Pour lui, désobéir à ses chefs ou désobéir aux aiguilleurs du ciel russes, le cas de conscience a dû être terrible puisqu'il a tourné plus de 2 heures avant de tenter l'impossible!

A l'heure où l'insoumission n'est plus trop à la mode, où l'individu piégé dans un système de contraintes que la télé elle-même nous présente comme des évidences, où trouver la force de se mettre debout et de dire NON ?

La vision d'un motard couvert de poussière, gisant inanimé près de sa
machine, dans le sésert d' Atacama, m'a une fois de plus révolté.
Comment peut-on d'un côté réunir des conférences internationales pour
dénoncer les dangers d'une consommation effrenée des énergies fossiles
et d'un autre, valoriser de telles aberrations ?
"On lui vole son âme, à notre désert." a dit un Argentin!

Panem et circensens!
Le gladiateurs ne meurent plus dans l'arène, ils décèdent démembrés près
de leur moto ou sanglés dans un bolide énergivore, super-polluant ou
bien encore tuent de pauvres gens venus les aduler sur le bord de la
piste!
Quand allons-nous enfin être cohérents et commencer par supprimer le
Dakar et autres rallyes imbéciles, ainsi que tous les grands prix de F1
??? Ce serait un bon petit début. Non ?

Toujours idéaliste Arlequin !
Mais alors que va-t-on faire de ces mirifiques circuits, à Spa, à Monza
et partout dans le monde - enfin dans les pays riches ?
Eh bien, des pistes de vélos, de skate, de rollers, de marathon, comme
sur le circuit des 24 heures du Mans! C'est vrai, ça pétarade moins et
c'est moins spectaculaire!
à+

Entendu un soir de cette semaine à la radio, Pascale BREUGNOT, celle qui, en 1983 a créé la première émission de téléréalité "PSY-SHOW":
"Je ne comprends pas tous ces suicides à France Télécom. Tous ces gens n'avaient personne pour les écouter, en particulier dans leur milieu familial. Nous à TF1 en 86, on a été privatisés et personne ne s'est suicidé"!!
Voilà bien la réflexion la plus bête que j'ai entendue sur ce sujet depuis longtemps !!!
Celle qui pendant des années a eu la prétention de faire oeuvre sociale en amenant des personnes et en particulier des couples à raconter leurs fantasmes, leurs doutes et leurs souffrances.
Celle qui a fait commerce du malheur des gens.
Celle qui a fait du spectacle avec de braves gens paumés venus chercher leur dérisoire quart d'heure de célébrité!
C'est celle-là qui maintenant vient nous asséner sa psychologie à 2 balles.

Pas d'écoute dans leur milieu familial !!! ??? Qu'en sait la papesse de la télétrash ?

Tiens ça me fait penser à une brillante déclaration de Raymond Poincaré au début du XXème siècle : "Il n'y a pas de problèmes sociaux, il n'y a que des problèmes familiaux"
 
Car au fond cette réflexion de Mme "Moi je" n'est pas si bête que ça, elle rélève en fait d'une puissante idéologie droitière : Le monde social n' est qu'une illusion, seuls existent des individus qui doivent de débrouiller seuls avec leurs problèmes!!!

Depuis ces temps héroïques, on sait comment s'est développé ce rebus télévisuel qu'est la téléréalité. Merci la pionnière!