Arlequin

Enfin une bonne nouvelle, mes amis,
Enfin on rend justice à Denis ROBERT.
Dans 3 arrêts rendus le 3 février 2011, la Cour de Cassation reconnaît "l'intérêt général du sujet traité et le sérieux de l'enquête".
Denis Robert, c'est ce journaliste qui, il y a plusieurs années, a révélé les malversations d'une société sise au Luxembourg, "Clearstream".
Harcelé, dénigré, condamné, ce journaliste courageux et intègre avait dû subir les attaques directes ou insidieuses de la doxa sarkozienne

 (voir la video où Philippe Val traite par le mépris le pauvre Denis Robert).

Décidément ces temps-ci la Justice remonte sérieusement dans mon estime.

Alors que la LIBERTE est un combat, l'EGALITE un but, la FRATERNITE est une valeur morale.
"Fille de la liberté", comme le disait Mirabeau, elle est la condition pour que l'égalité s'accomplisse.
Pleine de douceur, de tendresse et de secrète affection, "Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles" (Beaudelaire), est-elle aussi "une des plus belles inventions de l'hypocrisie sociale" (Flaubert)?

Elle est antinomique avec bien des aspects de la modernité que sont le rationalisme, l'individualisme et la rentabilité.
Elle suppose d'oublier les egos et les ambitions personnelles pour valoriser le bien commun et les intérêts collectifs. Ce qui est, là aussi, contradictoire avec l'activité politique considérée comme conquête du pouvoir. Le sarkozysme en est une parfaite illustration.

Issue en Occident du Christianisme et de la Révolution française, la FRATERNITE n'est pas un sentiment désincarné, elle a besoin de structures pour se vivre et s'exprimer. Elle ne se comprend vraiment que dans la lutte contre l'oppression et l'exploitation.
L' EGALITE des camarades, FRERES de lutte pour la LIBERTE!
C'est, à mon avis, le vrai sens de notre devise républicaine.
Qu'en pensez-vous ?

Flaubert - "Correspondance" - 385
Beaudelaire - "le balcon".

Le dessin est de GOA tiré d"Un siècle de luttes chez les  tisserands des Mauges" Maurice Poperen - 1974

Alors que les Tunisiens fêtent dans l'incertitude leur liberté retrouvée, les Biélorusses s'enfoncent dans la dictature.

Vu, hier soir, le beau film de Tony Gatlif : "LIBERTE".
En France en 1943, une famille tsigane subit les lois repressives de Vichy. Interdiction du nomadisme, déportation, assassinats...
Avec la collaboration sans faille de la Gendarmerie française !
Au nom de l'ordre, de la SECURITE, les "voleurs de poules", les "voleurs d'enfants" sont pourchassés et enfermés.
Aujourd'hui, en sarkozie, la forme est différente mais c'est le même ressort qui est à l'oeuvre :
Stigmatisation, amalgame, confusion, peur de l'autre, désignation des boucs émissaires ! Avec la loi LOPSI 2  ce sont encore un peu plus de nos libertés qui vont s'envoler au nom de la sacro-sainte SECURITE !
Jusqu'où irons-nous dans la SERVILITE ???
Marine Le Pen grimpe dans les sondages. Pas étonnant, le sarkozysme a rendu présentables, pensables, possibles, les idées du FN.
N'attendons pas une quelconque remise en cause de l'UMP, ça non !
Mais au moins, nous, les gros malins indignés,  réfléchissons à la lumière de ce qui se passe en Tunisie.
Au nom de la SECURITE, jusqu'où sommes-nous prêts à aller dans la SERVILITE ???

Après Stéphane Essel, il me fallait une dame pour terminer cette décade sanglante dans une certaine sérénité.
Mireille Delmas-Marty dont j'admire la personnalité et les écrits depuis longtemps, m'a semblé la compagne idéale.
Spécialiste du droit international, cette éminente professeure au Collège de France s'emploie à montrer que "l'éthique ne suffit pas", que "nous avons besoin du droit, pour hiérarchiser les valeurs, pour responsabiliser ceux qui les transgressent."
A l'heure de la mondialisation, la globalisation des flux financiers et de l'information, des crimes de corruption et de terrorisme ainsi que des risques écologiques et biotechnologiques est bien avancée.
L'universalisme des droits de l'homme est, lui, confronté au repli souverainiste des Etats.
Alors vers quel modèle se tourner pour la décennie qui vient ?
"celui d’un ordre mondial unifié, universaliste,mais par l’extension hégémonique du système le plus puissant; à l’inverse, le désordre d’un souverainisme exacerbé débouchant sur le chaos et la guerre ; ou encore le rêve ultralibéral d’un ordre spontané et autorégulé. On peut imaginer aussi des modèles pluralistes : imparfaits, instables, toujours inachevés" ???
Souhaitons que le populisme et la démagogie qui gagnent nos belles démocraties ne nous entraînent pas vers les trois premières solutions !

Il était quand même temps que se termine cette décade sanglante!

Bonne année

Les citations sont tirées de "La lettre du Collège de France", n°22, fév. 2008.