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29/10/2010

La planche à roulettes

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Oui, hier à la manif, tout près du cortège des derniers convaincus poursuivant inlassablement et un peu tristement leur litanie anti-sarko (malgré tout, plus nombreux qu'avant les vacances!!), il y avait un groupe de jeunes adolescents qui, indifférents aux slogans plus ou moins convenus, continuaient, imperturbables, à jouer sur le "skate park" *.
La cohabitation inhabituelle de ces deux situations m'est revenue à l'esprit ce matin en écoutant Emmanuel TODD à la radio.
Son bouquin "Après la démocratie" que j'avais lu il y a deux ans vient en effet d' être réédité en poche.(Folio)
"Le moment sarkozy correspond effectivement à une phase particulière du développement éducatif de la France....après l'inaction chiraquienne, l'anti-intellectualisme sarkozyste risque cependant de remettre la France dans la situation de retard qui était la sienne au départ de la course" ( la course-poursuite que se livrent la France et l'Angleterre dans le domaine éducatif depuis le XVIIème siècle). (p.59)
Foin du déclinisme désormais à la mode et sur lequel le candidat sarko a surfé (c'est le cas de le dire!) en 2007,  nous devons nous demander si "l'entrée en stagnation éducative est responsable de l'ébranlement actuel des valeurs et des pratiques démocratiques"(p.65)

Je n'ai pas pu m'empêcher de m'interroger sur les attentes et les espoirs de ces jeunes urbains, pratiquant un sport individuel, dangereux et risqué parfois, concentrés sur leur petite planche, insensibles à ce déploiement de banderolles et de slogans ringards. S'en est-il trouvé un pour nous prendre un peu au sérieux, nous les vieux, ancrés dans nos croyances de vieux, pour qui la politique reste et restera l'affaire de tous et de chacun ???

En les voyant, tout à coup, j'ai eu mille ans! Heureusement, Emmanuel Todd, ce matin, m'a redonné foi en la pensée militante comme remède à la vieillesse qui vient !!!

*espace urbain aménagé pour permettre aux adeptes de la planche à roulettes et du vélo-cross de s'adonner à leur sport favori.! 

22/10/2010

Des vivants désespérés...

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Vu, comme vous, sûrement, les 8 épisodes de la magnifique série de Gérard Mordillat "Des vivants et des morts".
C'est la gorge nouée que j'ai assisté à l'agonie d'une petite usine déclarée "non rentable" et condamnée à mort par un vague Fonds de pension américain.
Situation tellement banale dans la France d'aujourd'hui. Continental, Moulinex, Cellatex, Valeo, Ericsson, Lejaby... et des centaines d'autres.
Enfin la télé ose montrer et avec quel talent, ce que ce pouvoir de riches cherche à camoufler: les drames que vivent ceux qu'on jette violemment, après les avoir si bien exploités.
Le cynisme des employeurs capitalistes "le marché ne connaît qu'une loi: payer ou être payé", auquel répond la lâcheté des responsables.
L'opportunisme manipulateur des hauts fonctionnaires qui n'hésitent pas à envoyer les CRS tabasser des femmes et des enfants.
Et enfin l'impuissance des élus du peuple et des représentants syndicaux qui, même lorsqu'ils trahissent, finissent par y laisser leur peau!
C'est vrai, cette série est un événement à la télé. Pour une fois, le travail ouvrier est montré comme un ensemble de métiers, de savoirs, de savoir-faire, de relations sociales et non comme des petits boulots qu'on prend pour éviter le chômage.
Nombreux sont les films documentaires qui ont dénoncé la violence inouïe dont sont victimes les salariés des entreprises délocalisées, souvent après leur avoir imposé des sacrifices inutiles. Chantage à l'emploi, aux salaires, aux RTT, etc.. (cf les films de Marcel Trillat)
Le mérite de G. mordillat est d'avoir réalisé une - longue - fiction plus réaliste qu'un reportage, plus juste et plus vraie qu'un documentaire.
Merci à lui.

13/10/2010

Benda bilili

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En reportage à Kinshasa, Renaud Barret et Florent de La Tullaye tombent sur un incroyable orchestre de rue, "Staff Benda Bilili", composé de musiciens paraplégiques.
Fauteuils roulants bricolés, guitares crasseuses, instruments improbables, "satonge" ou monocorde fabriqué avec une boîte de lait en poudre...oui, mais quelle pêche, quelle gnac, quelle belle humeur!
Survivre en milieu hostile, s'imposer face aux agresseurs, comme sait si bien le faire Papa Ricky, le leader du groupe!
Après cinq ans de galère pour nos 2 documentaristes et de répets dans le zoo de Kinshasa, le rêve d'enregistrer un disque va-t-il enfin se réaliser ?

A l'heure où nos députés votent la loi sur l'immigration la plus honteuse de notre histoire, sommes-nous encore accessible à la misère qui s'étale dans les rues défoncées de Kinshasa ?

Nul misérabilisme dans ce film revigorant, mais une belle leçon de vie pour les nantis que nous sommes!
Et surtout quel magnifique spectacle!
 

05/10/2010

Monsieur HITCHCOCK

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Vu, "Double take", film de montage très malin du cinéaste belge Johan Grimonprez.

La mise en parallèle d'interventions d'Alfred Hitchcock, d'extraits de "Les Oiseaux", de spots publicitaires et de courts passages des actualités américaines des années 50 et 60 laisse beaucoup à penser sur le ballet ridicule des grands de ce monde et de leur représentation dans les medias.
Revoir les joutes dérisoires de Kroutchev et de Nixon sur fond de course à l'espace et aux armements, les associer à l'humour corrosif du maître du "Mac Guffin", voilà un choix particulièrement judicieux  pour en montrer le caractère pathétique.
Se référant à J.L. Borges sur le "double" qu'il faut tuer pour ne pas être tué, J. Grimonprez nous propose un voyage dans le temps, ce temps destructeur, ce labyrinthe cher à l'écrivain argentin, ce temps qui, seul, permet le recul salutaire pour apprécier pleinement l' ambivalence inquiète de Monsieur Alfred poursuivi par ses sosies!
Pour moi, ce film sur un "homme timide devenu intimidant", comme le disait F. Truffaut, animé par une "passion exclusive, une émotivité extrême", est un hommage rare car  il emprunte les mêmes chemins tortueux et vivifiants de la complexité, fût-elle grinçante.
A l'heure où l'on veut réduire l'homme à un producteur et le citoyen à un consommateur, ce rappel m'apparaît nécessaire.