Arlequin

J'avais lu l'an dernier quelques extraits du livre de Florence Aubenas :"Le quai de Ouistreham".
Là je viens de le reprendre, bien tranquillement, pour le lire et m'en pénétrer.
Ca n'est pas la volonté de l'auteure mais, bien sûr, ce témoignage est totalement décourageant.
J'ai envie de dire, comme après la vision du film "ILLEGAL" sur les Centres de rétention : Mais comment en est-on arrivés là ???
On sait que les Entreprises de nettoyage sont parmi les pires qui soient.
On sait aussi que le travail ouvrier, sauf dans les grandes entreprises où le contre-pouvoir syndical a pu s'exercer, a toujours fait l'objet de l'exploitation la plus éhontée du corps des hommes.
On sait également que, dans beaucoup de pays, les conditions de travail sont bien pires encore.

Oui, on sait tout ça! Et pourtant on ne peut pas accepter de voir ainsi des êtres humains, aliénés, maltraités, abrutis, annihilés ... sous prétexte de chômage et qu'il "y en a 30 qui attendent derrière la porte"

Travail exténuant, contrats multiples de quelques heures à des dizaines de kilomètres de distance, heures supplémentaires non payées. "Je rentre de mon remplacement du matin.Il est 8 heures... il me semble avoir déjà une journée dans les jambes, alors que je n'ai travaillé que 2 heures... Je reviens du ferry à 23 h 30, je me lève à 4h30 pour le premier ménage" (p.198)

Le pire, je crois, c'est la soumission qui, peu à peu, s'installe, l"intériorisation" de l'humiliation et de l'abandon !"La grande Mélissa jette: "Plus on nous fait travailler, plus on se sent de la merde. Plus on se sent de la merde, plus on se laisse écraser." (p.178)

Enfin on voit les brillants résultats de l'une des grandes réformes du quinquennat: la création de Pôle Emploi: lors d'une réunion bidon, l'un des conseillers se lâche: "les chiffres du chômage doivent s'améliorer quoiqu'il arrive. Cette réunion en était un des moyens. On convoque une catégorie de chômeurs... Une partie ne viendra pas et, sans justificatif, c'est statistique. Ils seront radiés." (p.251)

Je ne sais pas pourquoi mais il me revient brutalement, comme une nausée, l'invective lancée il y a quelques jours par L. Wauquiez, le chouchou du président, concernant l'assistance, "cancer de la société".

Ainsi que la grande campagne lancée par l'UMP sur la "fraude sociale".

Mais jusqu'à quand va-t-on accepter de se faire manipuler ???

(air connu)
à+.
  

Après le bouclier fiscal dont les plus riches ont bénéficié pendant les quatre années de règne sarkozyste, voilà une nouvelle invention: le "bouclier social".
D'après le ministre Laurent Wauquier, chouchou du président d'après les rumeurs, les personnes bénéficiaires du R.S.A gagnent trop ! Enfin trop par rapport aux Smicards ! Ainsi, d'après le président d'ATD Quart Monde, le projet envisage de leur retirer 63 euros par mois.

Quelle belle économie pour rembourser le trou béant de la dette publique dont nos banquiers spéculateurs sont les seuls responsables !
Surtout, encore une fois, le sarkozysme s'emploie à diviser:
les riches contre les pauvres,
Les chômeurs contre les salariés,
les nationaux contre les immigrés,
les réguliers contre les clandestins,
les R.S.A contre les Smicards...etc...

Quel courage, Monsieur le Ministre de s'en prendre ainsi aux pauvres gens. Bravo ! Les pauvres sont dangereux, les chômeurs sont fainéants ! Air connu !Y aurait-il quelques voix à glaner chez les prétendus électeurs du FN, par hasard ???

Et surtout annoncer ça la semaine où se discute le projet de sortir de l' I.S.F 300000 personnes, c'est du culot, de la provoc ou de l'inconscience !
A vous de choisir !

Lu, le dernier livre de F.O Giesbert "M le Président".
Encore un livre sur Sarko, me direz-vous.

Habituellement je fuis ce genre de littérature. C'est en général plat, polémique et superficiel!

Et puis, j'ai tant de livres intéressants à lire.
Mais là on me l'a mis dans les mains. (et j'en remercie Vincent) Alors j'ai lu, vite, pressé de passer à autre chose. Et puis, je dois avouer que j'ai été captivé par une histoire et des détails qui confirmaient ce que je pressentais.
Nous sommes gouvernés par un enfant-roi, sans foi ni loi, colérique à l'extrême, mu par une exceptionnelle énergie qui le pousse à s'imposer toujours et partout comme le meilleur, le plus fort et le plus beau! Ne sachant ni déléguer ni faire confiance à qui que ce soit, ses collaborateurs en bavent car, pour lui, n'existent que deux catégories d'hommes: les esclaves et les ennemis.
Ah! la scène où l'auteur attend dans l'antichambre du bureau de Sarkozy alors Ministre de l'Intérieur que celui-ci ait terminé une grosse colère de 20 minutes. En entrant il voit que "l'heureux" bénéficiaire n'est autre que Claude Guéant...

Mais quelle misère tout ça ! Qu'avons-nous fait pour mériter ça ?

Evidemment je suis sorti de ce bouquin plus dégouté que jamais..
et je tombe sur un sondage qui dit que les ouvriers voteraient Le Pen à plus de 30% et que les voix cumulées de DSK et Sarkozy n'atteindraient pas ce score !
Voilà le résultat. CQFD.
Vite je vais me replonger dans le petit livre de Pierre Rabhi "Manifeste pour la terre et l'humanisme" (Colibris - avril 2011)
Ca c'est du solide, pas cette dérisoire mascarade que nous décrit F.O.G.

Exceptionnel, improbable, imprévisible, impossible...!!!
Tous ces mots se brouillent dans notre tête devant cette catastrophe qu' on n'a pas su prévoir parce qu'elle était inimaginable.
Sauf qu'on sait maintenant que TEPCO avait diminué le budget maintenance de ses Centrales pour optimiser les profits et on se doute que, dans les premières heures de ce qui devient une catastrophe mondiale, cette société n'a pas pris les bonnes décisions de peur d'endommager ses belles installations !
Le profit, tout comme les marchés, ne connaissent que le court terme.
La Terre, cette bonne vieille planète bleue, ne connaît, elle, que la longue durée, tout comme les particules radioactives qui vont empoisonner le sol pendant des centaines d'années.
En France, avec nos 58 réacteurs vieillissants, on assiste au défilé de nos élites qui dédramatisent (voir Lauvergeon lundi soir à la télé, ou Besson) ou nous couvrent de honte face au courage des japonais (voir Morizet, Bertrand ou Lemaire)...
On n'a pas le choix qu'ils disent !
Et Sarko  qui s'emploie à vendre des Centrales au monde entier, que ressent-il? Et l'Italie, pays sismique, qui a plusieurs centrales en projet ??? Et la Lybie à qui on en avait promis une ?
Hébétés, nous le sommes non pas devant le risque énorme que le tout nucléaire fait courir à la population française, non !
Hébétés nous sommes ou plutôt écoeurés, devant notre passivité à accepter de sacrifier la Terre au nom d'un PROGRES qui profite aux riches et dont les pauvres sont bien assez heureux de ramasser les miettes.

Cette catastrophe n'était pas improbable, elle était imprévisible du fait de l'aveuglement des responsables, car inimaginable pour les capitalistes financiers qui gouvernent désormais l'économie du monde.