Arlequin

Eh oui! Nous continuons de célébrer chaque année la mémoire de tous ces braves paysans des régions françaises qui ont été sacrifiés à la cupidité des riches et à l'incompétence de leurs chefs!
Leur sacrifice nous a-t-il appris quelque chose?
On pourra commencer à le penser le jour où nos élites cesseront de présenter comme modèle unique du "vivre ensemble": "la guerre de chacun contre chacun" (c.f Thomas Hobbes, Le Léviathan).

Et puis, une de Coluche pour se sortir un peu de la morosité du moment:

"La guerre de 14-18 avait fait un civil tué pour dix militaires. La guerre de 39-40, un civil pour un militaire. Le Viêt Nam, 100 civils pour un militaire. Pour la prochaine, les militaires seront les seuls survivants. Engagez-vous !"

Bonne journée au coin du feu!

Tel Saul de Tarse sur le chemin de Damas, je crois que j'ai eu aujourd'hui une révélation bien matinale et néanmoins radiophonique!
Brutalement m'est venue l'idée que l'on faisait fausse route, que la dénonciation permanente des excès de l'oligarchie au pouvoir, que le cynisme et la démagogie de nos dirigeants, que la vulgarité de ce régime ne pesaient rien dans la balance de l'histoire.
Tout à coup le miracle s'est produit, je me suis mis à penser que tout ce populisme, ces appels à la division et à l'écrasement des pauvres par les riches, valaient moins qu'epsilon sur la carte du monde.
Envolé le bouclier fiscal, disparues les politiques injustes, abolis les mensonges et les trafics d'influence!
 
Sans doute ce sont les pantalonnades des futurs ministrables depuis 6 mois qui m'ont converti?
Peut-être est-ce aussi le spectacle de la récupération pathétique et dérisoire de la mythologie gaullienne par ce petit président ?
Toujours est-il que ça y est! Me voilà sauvé !
J'ai trouvé ma bible, ma religion, mon salut :

IL NE FAUT PAS CRAINDRE SARKOZY MAIS REDOUTER LE SARKOZY QUI EST EN NOUS!

Quel programme!
Merveilleux, sublime!!!
La porte des étoiles vient de s'entrouvrir!

Pour ne pas m'arrêter en si bon chemin, je suis allé voir hier soir, le doc de Thomas Lacoste : "Ulysse clandestin" où des intellos (Gérard Noiriel, Tzvetan Todorov, Emmanuel Terray, Françoise Héritier, etc...) démontent avec des arguments limpides le discours malsain mais raisonneur de nos gouvernants sur l'immigration.

 En très gros, voilà ce que j'en ai retenu: la pression sécuritaire et l'industrialisation de l'expulsion n'ont pas pour but de régler le problème de l'immigration clandestine mais de foutre la trouille aux sans-papiers. Soumis à l'insécurité permanente, ceux-ci constituent une main d'oeuvre docile et très bon marché dont notre économie a le plus grand besoin. C'est ce qu'on appelle la "délocalisation intérieure". Les entreprises peuvent ainsi réaliser les mêmes profits que si elles délocalisaient leur production dans un pays "low cost".
Depuis 30 ans, en effet, on estime le nombre de sans-papiers à 400000. Ce chiffre n'a pas varié malgré les politiques "musclées" de la droite actuelle. Il y a donc imposture à laisser croire aux citoyens français que les choix politiques d'aujourd'hui vont dans le bon sens et que le problème sera bientôt réglé!
Mais le plus grave dans tout ça, c'est l'amalgame voulue entre identité nationale et immigration, laissant ainsi à penser que les étrangers constituent une menace permanente pour notre GRANDEUR!
Ah l'identité collective, quel fantasme! Quel écran de fumée!
Objet indéfini et indéfinissable, sorti, telle Athéna du crâne de Zeus, du coeur même de notre histoire et de notre gloire nationales!
Pas étonnant que le fumeux débat lancé par le tout petit petit Besson ait fait long feu!

Pouah!!!
Enfin, bon, après "Illégal", ça m'a calmé un peu!

Ce film est d'ailleurs en consultation libre sur le site de la bande passante.

N'hésitez pas.

Vu, "Illégal", le film récent d'un jeune réalisateur belge, Olivier Massé-Depasse.
Tania, russe francophone, travaille depuis 8 ans en Belgique où elle élève seule son fils normalement scolarisé. Brutalement arrêtée par la police, elle se retrouve en Centre de rétention et menacée d'expulsion.

Ce film m'a bouleversé, torturé, révolté!
L'interprétation sobre et rentrée d'Anne Coesens ou les choix de réalisation privilégiant les gros plans des visages et des corps y sont sûrement pour quelque chose!
Mais quand même!

 Comment nos démocraties en sont-elles arrivées là? Et nous, comment pouvons-nous faire semblant d'ignorer et donc de cautionner cette violence d'Etat envers de pauvres gens démunis, exploités, meurtris.
Quel est donc leur crime à tous ces "clandestins" que l'on pourchasse, que l'on rafle, que l'on tabasse ?
Violence physique intolérable mais surtout chantage et torture psychique vis à vis de ces sans-papiers dont le seul tort est d'avoir tenté d'échapper à une situation dramatique dans leur pays d'origine, guerre, misère, persécutions...

Sentimentalisme ?
Ignorance des problèmes réels d'intégration des immigrés ou des capacités d'accueil de nos pays?
Méconnaissance des vrais enjeux géo-stratégiques?
Oui sans doute !

Peu importe, j'suis dégouté!