07/02/2011
Ma culture à moi tout seul !
Vous vous souvenez de ce discours clinquant et racoleur du brillantissime ministre de la culture lors des voeux 2011 sur le thème "CULTURE POUR CHACUN".
Dépassée, démodée, l'idée de "CULTURE POUR TOUS" qui a animé beaucoup de penseurs, militants associatifs, artistes, depuis Malraux.
Visiblement, Frédéric Mitterrand a bien intégré la ligne idéologique du sarkozysme : chacun tout seul, sans son coin, face à son petit écran, de télé ou d'ordi, doit être à même de choisir les PRODUITS culturels qui lui conviennent.
A la trappe la culture émancipatrice, oubliée la culture qui éduque et qui libère, bannis l'art et les artistes déclarés trop "intimidants" pour le peuple. Oui, car dans ce domaine comme dans tous les autres, les élites, sous couvert de démocratisation, savent ce qui est bon pour nous.
Vive la culture emportée par le vent de la consommation et adieu à toute démarche de création collective, à l'art qui, dans l'exigence et la difficulté, nous permet d'aller à la rencontre de l'autre, c'est-à-dire d'avancer ensemble !
ENSEMBLE, un mot inconnu du vocabulaire sarkozyste, sauf quand il s'agit de louer le prince !
Cache-sexe de la RGPP, de l'appauvrissement des collectivités territoriales, principales sources de financement du secteur, de la braderie généralisée de notre patrimoine national, de la mise en difficultés des compagnies et de l'abandon d'une grande politique de rayonnement international, cette CPC semble déjà avoir fait long feu car le ministre, lors du Forum qu'il a organisé vendredi 4 février à La Villette, paraît ne plus savoir où il en est!
Mais quelle misère !
Le tableau est de Füssli, "Le Cauchemar", au Louvre en ce moment.
11:55 | Lien permanent | Commentaires (8)
04/02/2011
VENGEANCE !
Les magistrats de Nantes sont outrés de voir que le président de la république les condamne avant de les avoir jugés.
Un pauvre type se déchaîne sur une innocente gamine délaissée par ses parents et placée en famille d'accueil et aussitôt le premier personnage de l'Etat crie vengeance et attise la haine et la vindicte populaire contre les "RESPONSABLES", ceux qui ont rendu possible ce crime odieux ! Les magistrats ! Des plus que complices en fait, presque des instigateurs !!!
Mais qu'est-ce qu'ils croient ces beaux messieurs en robe ? Depuis plus de 5 ans, le sarkozysme s'en prend à eux ! La mécanique est bien huilée, le sarkozysme est du côté des victimes, la Justice du côté des assassins à qui elle trouve toujours des circonstances atténuantes.
Bientôt la démagogie va s'amplifier avec l'apparition de jurés populaires en correctionnelle. Mesure impossible à mettre en oeuvre mais le symbole est là ! C'est au peuple à rendre la justice. C'est-à-dire à venger, venger et venger encore !
Mais qui nous vengera de ce système qui détruit notre âme ?
En prenant mes photos ce matin, j'entendais une dame très élégante qui passait près de moi, dire au téléphone: " Avec ce c... de président, pas étonnant que les magistrats aient pris la mouche !"
Si les bourgeois nantais aussi se lâchent ???
Ci-dessus l'ancien Palais de Justice, utilement recyclé !
16:07 Publié dans Coups d'éclat | Lien permanent | Commentaires (10)
02/02/2011
FRATERNITE
Alors que la LIBERTE est un combat, l'EGALITE un but, la FRATERNITE est une valeur morale.
"Fille de la liberté", comme le disait Mirabeau, elle est la condition pour que l'égalité s'accomplisse.
Pleine de douceur, de tendresse et de secrète affection, "Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles" (Beaudelaire), est-elle aussi "une des plus belles inventions de l'hypocrisie sociale" (Flaubert)?
Elle est antinomique avec bien des aspects de la modernité que sont le rationalisme, l'individualisme et la rentabilité.
Elle suppose d'oublier les egos et les ambitions personnelles pour valoriser le bien commun et les intérêts collectifs. Ce qui est, là aussi, contradictoire avec l'activité politique considérée comme conquête du pouvoir. Le sarkozysme en est une parfaite illustration.
Issue en Occident du Christianisme et de la Révolution française, la FRATERNITE n'est pas un sentiment désincarné, elle a besoin de structures pour se vivre et s'exprimer. Elle ne se comprend vraiment que dans la lutte contre l'oppression et l'exploitation.
L' EGALITE des camarades, FRERES de lutte pour la LIBERTE!
C'est, à mon avis, le vrai sens de notre devise républicaine.
Qu'en pensez-vous ?
Flaubert - "Correspondance" - 385
Beaudelaire - "le balcon".
Le dessin est de GOA tiré d"Un siècle de luttes chez les tisserands des Mauges" Maurice Poperen - 1974
11:20 Publié dans Eclats de verre | Lien permanent | Commentaires (9)
30/01/2011
EGALITE
La deuxème notion proclamée dans la devise de la République française est sans doute la plus difficile à définir.
"La nature n'a rien fait d'égal; la loi souveraine est la subordination et la dépendance"(*).
Nous sommes tous différents, les hommes, les femmes, les grands, les petits, les forts, les faibles, les riches, les pauvres, les enfants, les adultes, les noirs, les blancs...
On sent bien que notre besoin de classer c'est-à-dire de grouper les individus par catégories ne pourra jamais rendre compte de l'extrême diversité des personnalités.
Dire que chacun doit avoir les mêmes droits - ce qui est loin d'être le cas - ne suffit pas.
Dire que chaque culture a sa propre conception de l'égalité et qu'en cela il faut la respecter, est un aveu d'impuissance.
Affirmer que la seule qui vaille est l'égalité des chances est une manière hypocrite de sacraliser le libéralisme.
Proclamer qu'on est pour l'égalité et contre l'égalitarisme, comme le fait la droite sarkozyste, est la meilleure façon d'enterrer la question !
Mais alors comment définir cette "chose chimérique", comme le disait Voltaire ?
A l'heure où - enfin - nous prenons conscience des différences grandissantes entre le peuple et les très riches face à l'impôt, il faut savoir de quoi nous parlons.
Pour moi, une société démocratique doit s'employer à fournir à chacun les conditions d'une vie digne, en permettant à l'individu de satisfaire ses besoins fondamentaux, se nourrir, se loger, se vêtir mais aussi d'occuper une place sociale acceptable.
C'est une tâche immense et coûteuse que de répartir ces places en fonction des dispositions et des capacités de chacun. L'Etat ne peut y pourvoir seul. Le communisme nous l'a montré.
C'est la société civile qui doit, en permanence, chercher à valoriser la coopération plutôt que l'émulation, l'esprit d'équipe plutôt que la concurrence, le sens du partage plutôt que la cupidité.
La JUSTICE au prix de la MORALE. Non ?
Ce que je ne comprends pas c'est que la Droite qui défend le profit, la réussite individuelle et la lutte de tous contre tous, puisse également se référer à la tradition chrétienne qui s'appuie, me semble-t-il, sur la notion d'individu autonome mais solidaire et altruiste et qui donc se fonde sur l'égalité devant le Christ !
Là, y a un truc ???
Expliquez-moi...
(*) Vauvenargues - Maximes, 227.
Le dessin tiré de "L' héritier" de Franck et Van Hamme est un petit clin d'oeil au Festival d'Angoulême.
12:18 | Lien permanent | Commentaires (23)